mardi 7 juin 2016

Lu et approuvé : Aimer trois fois par jour de Fausto Brizzi

Aimer trois fois par jour
Titre original : "Se mi vuoi bene"
de Fausto Brizzi
(Mai 2016 - Fleuve Éditions)

Ma prescription : à déguster sans modération
4*

Si vous êtes ronchon ces temps-ci parce que le temps est toujours à la grisaille, et à la pluie, que vos vacances sont encore loin et que vous en avez marre des grèves de transport qui riment avec encore et que vous avez l'impression que tout est bof alors je vais vous confier mon remède : ce roman est pour vous. Si vous connaissez un ami dans cette situation, ce roman est pour lui aussi.

Posologie : Nombre de pages à volonté, à lire n'importe où.
Ne le commencez pas dans les transports en commun où une salle d'attente silencieuse car vos éclats de rire des premiers chapitres risquent fort de vous faire remarquer, et les autres sauront que vous êtes sous traitement littéraire. Mais si vous vous en fichez faites-vous plaisir et si on vous regarde répondez d'un "mais quoi ?" interrogatif et haussez les épaules.

Ce n'est pas n'importe quel traitement, il nous vient d'Italie, pays de la commedia dell'arte : Fausto Brizzi c'est un spécialiste de la réalisation, scénariste et producteur, donc un expert dans la comédie. Son premier roman paru en France en 2015 "Les beignets d'Oscar ou mes 100 jours de bonheur" est en cours d'adaptation pour le cinéma et c'était déjà un premier roman efficace. 

Ingrédients : Ses héros rencontrent toujours des difficultés imposées par la vie, et l'on se demande comment ils feront évoluer leur situation.
Le pouvoir de Fausto Brizzi est d'avoir un regard touchant, juste et humaniste sur les gens et la société. Il y a toujours un soupçon de mélancolie, une once de nostalgie, une bonne dose d'humour, des miettes de subtilité (2 miettes éparpillées vous rappelleront son premier roman), et surtout 297 pages d'AMOUR.

Qu'est-ce que "Aimer trois fois par jour" ? C'est l'histoire de Diego, avocat, pour qui rien ne va plus, glisse vers la dépression,  et cherche une solution pour aller mieux. On rit, puis on sourit, enfin on s'attendrit.

Effets désirables éventuels constatés : la banane et la pêche. Pardon,  je voulais dire que ce roman vous redonnera sourire et énergie. A déguster donc sans modération. Dans ce cas il se peut que vous soyez en rupture de stock rapidement. 

Lu et apprécié.

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Présentation de l'éditeur

Il existe une différence fondamentale entre aimer quelqu'un et le rendre heureux. 
À plus de quarante ans, un mariage conjugué au passé, des enfants distants et une dépression à son actif, Diego Anastasi l'ignore encore. 
Comme sa vie ne ressemble désormais guère à une partie de plaisir, il cherche du réconfort auprès de ses proches et fait une découverte inattendue : peu nombreux sont ceux qui désirent de prendre réellement soin de lui. Or, Diego aussi était souvent aux abonnés absents pour apporter du soutien à autrui... 
Alors qu'il peine à voir la lumière au bout du tunnel, la rencontre avec un inconnu va changer la donne : et si le bien-être personnel passait par le bien-être des autres ? 
Convaincu de tenir la clé de sa rédemption, Diego se lance corps et âme dans sa nouvelle mission : créer le bonheur de ses proches.

Biographie de l'auteur

Fausto Brizzi est un réalisateur, scénariste et producteur italien, plusieurs fois récompensé. Son premier roman,Les Beignets d'Oscar ou Mes 100 jours de bonheur (Fleuve Éditions 2015, Pocket 2016), l'a immédiatement propulsé sur le devant de la scène littéraire internationale avec des traductions dans une trentaine de pays et une adaptation cinématographique en cours. Aimer trois fois par jour est son deuxième roman chez Fleuve Éditions.





dimanche 5 juin 2016

Lu et approuvé : Le grand marin de Catherine Poulain

Le grand marin
de Catherine Poulain
(Février 2016 - Éditions de l'Olivier)

Mon avis : un premier roman fragile et émouvant 
4*

J'aime bien les premiers romans, ils contiennent toute l'énergie, la volonté, le dépassement de son auteur dans cette aventure littéraire afin d'offrir au lecteur un voyage, une expérience osée, souvent aboutie, une émotion qu'elle soit finalement perçue, ou non.

Et c'est exactement ce sentiment que j'ai éprouvé avec l'héroïne de ce roman, Lili. Nous ne savons pas exactement pourquoi elle quitte précipitamment la France pour se réfugier en Alaska (c'est le début du roman). Mais elle dégage une énergie, une volonté qu'elle affiche "je veux vivre", et en plus d'un dépaysement total, un dépassement de soi pour parvenir à faire aussi bien ou mieux que ces marins - pêcheurs avec qui elle embarque. Et en même temps elle n'a pas peur de mourir et d'affronter les éléments déchaînés, la rudesse de ses compagnons.

Et il y a cette fragilité. On la considère comme une enfant, et elle s'insurge cette petite femme. Le style de Catherine Poulain conforte cette impression avec un style parlé, ce qui m'a surpris au début car ce n'est pas ce que je préfère, ce ton rythmé à l'aide de phrases courtes, ou nominales, l'emploi constant du présent, on suit la narration presque enfantine de Lili qui s'avère émouvante au fil de l'histoire. D'aucun pourrait considérer l'histoire un peu mince d'un point de vue des rebondissements mais c'est parce que toute l'énergie est placée dans l'héroïne et cette volonté d'être libre, de vivre, de se mettre en danger face aux éléments et aux hommes. 

Ce roman a remporté de nombreux prix et était nommé au Goncourt dans la catégorie premier roman.

Un très beau roman qui ne laissera pas insensibles les amoureux de la mer, des grands espaces, qui vous rappelera la nature sauvage et les aventuriers de l'absolu chers à Jack London.

Citation : "Il fait si beau dans tous ces cris. Le soleil était presque tiède au port, la brise, sitôt quitté l'abri de la jetée, nous donne la chair de poule, hérissant nos bras nus, rabat nos cheveux dans les yeux, m'enivre, avec ses odeurs d'algues, ses parfums âpres et puissants comme des appels vers le grand large."

... une belle invitation à prendre le large avec le grand marin, assurément. Lu et apprécié.

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Présentation de l'éditeur

Quand Lili Colt arrive à Kodiak, un port de l'Alaska, elle sait qu'elle va enfin réaliser son rêve : s'embarquer sur un de ces bateaux qui partent pêcher au loin. Pour la jeune femme, une runaway qui a fui jadis le confort d'une famille française pour " faire la route ", la véritable aventure commence. Le choc est brutal. Il lui faut dormir à même le pont dans le froid insupportable, l'humidité permanente et le sel qui ronge la peau, la fatigue, les blessures...Seule femme au milieu de ces hommes rudes, au verbe rare et au geste précis qui finiront par l'adopter. A terre, Lili partage la vie des marins -les bars, les clubs de strip-tease, les motels miteux. Quand elle tombe amoureuse du " Grand marin ", elle sait qu'il lui faudra choisir entre sa propre liberté et son attirance pour cet homme dont la fragilité la bouleverse. Entre Jack London et Marguerite Duras, Catherine Poulain fait entendre une voix unique dans le paysage littéraire français, avec ce magnifique premier roman qu'on devine très autobiographique.

Biographie de l'auteur

Catherine Poulain, est née en 1960. Elle commence à voyager très jeune et à multiplier les expériences professionnelles. Ouvrière dans des conserveries de poissons en Islande, saisonnière agricole en France et au Canada, barmaid à Hong Kong, employée sur des chantiers navals aux Etats-Unis, dans la pêche durant dix ans en Alaska. Elle partage aujourd'hui sa vie entre les Alpes de Haute-Provence et le Médoc où elle est respectivement bergère et ouvrière viticole.


mardi 31 mai 2016

Lu et approuvé : Alexandre Grothendieck de Philippe Douroux

"Alexandre Grothendieck
Sur les traces du dernier génie
des mathématiques"
de Philippe Douroux
(Janvier 2016 - Allary Éditions)

Je remercie les Éditions Allary et Babelio.com


Mon avis : un livre original et intelligent
⭐⭐⭐⭐



Voilà un livre que j'ai vraiment bien aimé.

Je n'aime pas trop, en temps ordinaire, lire des biographies ou des livres qui se proclament en tant que tels, car ce type d'ouvrage finit souvent par pêcher par excès. J'entrais donc dans cette lecture avec réserve. "Alexandre Grothendieck" ? Qui le connaît ? Pas moi. J'avais entendu parler de ce livre et du personnage lors de l'interview sympathique de son auteur au Petit Journal (vidéo ici) et ma curiosité avait été titillée. 

Et c'est une belle découverte : vous apprendrez réellement quelque chose sur ce personnage atypique, à la vie romanesque. Véritable génie des maths, il a permis de développer Internet, d'ouvrir des liens hypertextes, les mails. Sans son travail je ne pourrais peut-être pas écrire cette chronique. Il est difficile d'expliquer ce qu'il a cherché et découvert car ces trouvailles ne sont pas accessibles au commun des mortels, mais sachez qu'il a réussi à trouver un lien entre les maths, les dimensions, les volumes et l'espace, réunir la géométrie et l'algèbre, "les Motifs"...
Personnage hors norme il a maîtrisé les maths de façon presque auto-didactique et laissé des milliers de feuillets de raisonnements, il faudra à de nombreux mathématiciens sur plusieurs décennies pour tout retranscrire et analyser. Et peut-être découvrir quelque chose d'incroyable ? Il a rédigé un ouvrage "Récoltes et semailles" et n'hésitait pas à écrire une lettre ouverte à ses étudiants pour leur ouvrir les portes à la recherche : "Quand une curiosité anime une recherche, nous avançons comme portés par des ailes impatientes. [...] L'ardente curiosité seule est créatrice, elle nous porte droit au coeur même de l'inconnu. [...] Quand cette soif est absente, quel sens reste-t-il à notre vie ? Quel sens a un travail où il n'y a ni création ni amour ?".

J'ai beaucoup aimé l'angle d'écriture choisi par le Journaliste Philippe Douroux qui a proposé une approche presque "romanesque" sur ce personnage, nous ne sommes donc pas assommés de dates ou de détails excessifs mais fixés sur le parcours d'un homme hors du commun qui présentait plusieurs facettes, dont celle de l'écologiste radical soucieux du devenir de l'homme. La vie d'Alexandre Grothendieck était assez mystérieuse et le journaliste est parvenu à lever le voile sur quelques aspects de cette vie atypique enfin mise en lumière. C'est aussi en cela que ce livre est intelligent et très plaisant à découvrir.

Alors dans un monde où les biographies (politiques, acteurs, etc) bien souvent inutiles se multiplient ainsi que des auto-biographies surréalistes de jeunes bimbos qui n'ont pas inventé l'eau chaude, je vous conseille vraiment de lire l'histoire instructive de quelqu'un qui mériterait d'être connu et reconnu : 

"Alexandre Grothendieck".

Lu et approuvé ! 

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Présentation de l'éditeur

Alexandre Grothendieck est considéré par ses pairs comme le dernier grand génie des mathématiques. Ses recherches ont permis, entre autres, le développement d'Internet.

Enfant d'une famille de révolutionnaires d'Europe centrale, il arrive en France en 1939, connaît les camps d'internement et trouve un refuge qui deviendra son royaume : les mathématiques.
À onze ans, il découvre comment calculer la circonférence du cercle. À vingt ans, il bouscule l'École française de mathématiques, l'une des meilleures au monde.
Au début des années 1970, il fuit tous les honneurs et s'oppose à toutes les institutions. Inquiet pour l'équilibre de la planète, il devient l'un des fondateurs de l'écologie radicale.
Puis, en 1991, il s'isole dans un village de l'Ariège, dont le nom restera longtemps un secret bien gardé, et refuse tout contact avec le monde des hommes. Dès lors, il ne parlera plus qu'aux plantes qu'il considérait comme ses seules amies.
Coupé du monde pendant vingt-trois ans, il est mort en 2014, laissant derrière lui des milliers de pages de notes mathématiques où se trouve, peut-être, la clef de l'univers.

Biographie de l'auteur

Philippe Douroux, journaliste à Libération, a passé quatre ans sur les traces du génial ermite. Il a épluché ses archives et débusqué ses derniers secrets.


vendredi 27 mai 2016

La valise de livres de La Grande Librairie (France 5) pour l'été

Vous avez loupé la diffusion de la Grande Librairie sur France 5 qui a établi la valise de livres à emporter pour cet été ?
Je l'ai vue et j'ai pris des notes des propos des écrivains et libraires invités, et voici un petit condensé (en attendant que vous puissiez voir l'émission en replay).
1- Déja la valise contient les livres des invités  :

Ensuite, les écrivains ont conseillé des oeuvres incontournables de la littérature que l'on peut lire en vacances :

- Guerre et paix de Tolstoï,
- les frères Karamazov de Dostoïevski,
- Hamlet, Songe d'une nuit d'été... bref l'oeuvre de Shakespeare,
- Le rouge et le noir de Stendhal,
- les fleurs du mal de Baudelaire
- Le seigneur des anneaux de Tolkien

Il y a eu une "guéguerre" Tolstoï Vs Dostoïevski sur le plateau et ça a duré un moment, trop long à mon goût.

J'ai bien aimé l'émission mais je me demande s'il n'était pas plus judicieux d'éviter de demander aux invités les livres qu'ils n'aiment pas afin de donner plus de temps de parole aux libraires (qui ont dû confier leurs coups de coeur au pas de course vers la fin de l'émission).

Je regrette qu'il n'y ait pas d'avis de blogueurs, ni des réseaux littéraires type Babelio ou VendrediLecture ou une rubrique spéciale "1er roman" qui donnerait 2 ou 3 titres. 
Pas de rubrique de quelques minutes pour la jeunesse adolescente car il existe une offre impressionnante pour eux et qui est passée sous silence.

Tout cela manque, une ouverture éditoriale sur un monde littéraire bien réel : ce que les lecteurs veulent réellement lire, les titres même les moins "sponsorisés" ou "médiatisés", les auto-édités qui cartonnent, les réseaux du web qui papotent, les libraires curieux etc, et là j'ai vraiment eu l'impression qu'on nous formate ce que nous devons lire, et donc que l'émission est un peu trop "cloisonnée" selon moi.

C'est dommage je trouve, pas vous ? C'était ma petite parenthèse critique.

Puis Christophe André a conseillé la lecture du Journal de Jules Renard (vidéo ici) et, dans un tout autre genre, Marie - Hélène Lafon a conseillé Septentrion de Louis Calaferte (vidéo ici). 

Il y a deux livres qui ont créé un peu la polémique (pour leur inaction, ou leur lenteur) donc débat sur le plateau (encore) : 

Il est vrai que j'ai dû abandonner "Le maître des illusions" de Donna Tartt (conseillé par Yann Queffelec) après 500 pages car je n'en pouvais plus du campus et des étudiants j'ai donc décroché, comme Pierre Lemaitre qui n'a pas apprécié ce livre !

Il est par ailleurs conseillé de lire l'édition Folio de "sur la route" de Jack Kerouac (le rouleau original) qui est une bien meilleure version de ce livre. 

2 - Les conseils des libraires sur le plateau, une dizaine d'ouvrages :
Particulièrement et rapidement enjoués pour :
> Un fils en or,
> le tambour des larmes,
> et le grand marin.
 La vidéo des libraires ici


C'était une belle sélection qui donne envie de voyager, n'est-ce pas ?
Il faudra prévoir une énorme valise :-)


3- Et maintenant les 3 livres préférés chroniqués sur ce blog par votre blogueuse dévouée :-) : 
- une très jolie et douce folie poétique avec "En attendant Bojangles", on est nombreux maintenant à être conquis par ce premier roman j'espère que vous l'avez lu :-) (chronique complète ici)

- un thriller littéraire magnifique grâce à une plume esthétique et érudite : "Le principe de Parcimonie" de Mallock un écrivain français de romans policiers qui deviendra incontournable (un jour il envahira le plateau de la Grande Librairie quand le rédacteur en chef s'apercevra que les blogueurs et les lecteurs sont fans et les radios et la presse écrite aussi !) il vous faut le découvrir et lire ces 5 chroniques barbares de toute urgence cet été (moi il m'en reste une seule à lire mais il m'a dit que le 6ème roman est à la correction. Ouf.) ! (chronique complète ici)

- "Te laisser partir" est un incroyable suspens (et aussi un premier roman !) anglais qui roule le lecteur dans la farine (si, si c'est possible) l'intrigue est savamment et patiemment construite et le dénouement... hallucinant ;-) (chronique complète ici )

Je vous souhaite de 
Belles lectures
Et de
Bonnes vacances !!!

* * *

Alors, "Tolstoï ou Dostoïevski ?" 

dimanche 22 mai 2016

A paraître le 9 juin 2016 : HELL.COM de Patrick Senécal

Hell.com
de Patrick Senécal
A paraître le 9 juin 2016
(Éditions FleuveNoir)



Mon avis :
un thriller implacable
sur la jouissance et le pouvoir
⭐⭐⭐⭐


Mon avertissement :
âmes sensibles et jeunes lecteurs
ce livre n'est pas pour vous. 



"Le diable, au fond, ce n'est que ça : quelqu'un qui n'impose aucune limite à ses délices. "

C'est du grand Senécal qui nous arrive en France. 

Ce titre est déjà sorti au Canada pays d'origine de cet écrivain, (qui compte désormais parmi mes préférés depuis mon coup de coeur avec "le vide" chroniqué ici) et les critiques sont encore dithyrambiques et méritées.

Elles ne font toutefois pas l'unanimité car ce livre au caractère gore ou trash (ou diabolique selon qu'on en a une lecture judéo-chrétienne) a pu heurter certains lecteurs sensibles ou peu aguerris aux thrillers ou à l'horreur.
Pour tous les autres, les amateurs de ce genre, ils trouveront assurément leur compte et un plaisir presque coupable.

Pourquoi ? 

Je ne vais pas vous raconter l'histoire. Mais, parce que :

1 - Patrick Senécal est un grand Maître spécialisé dans la manipulation des lecteurs, et nous, nous aimons cela, comme des masos que nous sommes : on lit son livre horrifiés, en s'insurgeant "c'est vraiment horrible, c'est pas vrai !" et on poursuit car c'est un vrai "saute-paragraphe" comme ils disent au Canada (pour nous : "page-turner") et le pire c'est qu'on adore ça et on en redemande. Ses descriptions cinématographiques et son style percutant et direct, sans fioriture ni préliminaire, sont sans aucun doute les secrets de son pouvoir sur nous. Il nous propose "...une fenêtre ouverte sur un panorama mondial secret, un paysage difforme et glauque duquel surgissent des chants de sirènes ténébreuses...". Des chants envoûtants et terrifiants.

2 - l'histoire de ce thriller reflète notre société et passe nos vies à la loupe : qui nous sommes, ce que nous possédons, si nous appartenons à une élite, quel sens donner à notre vie, nos désirs. Quel est notre pouvoir ? Peut-on TOUT se permettre et peut-on avoir tous les droits ? Il y a une véritable montée en jouissance pour le personnage mais à quoi peut mener cette puissance ? quelle est la finalité de tout cela ?

3 - pour les personnages : 
> Daniel Saul, milliardaire et père célibataire, est attachant et déroutant : ferions-nous les mêmes choix que lui ?
Si ça vous effleure l'esprit ne faites même pas la comparaison des pratiques sexuelles de Daniel avec l'américain Christian Grey (et ses nuances) car Christian est un enfant de choeur qui prêterait presque à sourire... On est bien dans un thriller avec des actes... disons... peu recommandables, voire carrément répréhensibles.
> Son fils Simon, adolescent rebelle, est aussi attachant et déroutant que son père, il ne sait pas quel sens donner à sa vie et cherche sa voie. Il incarne bien le problème des adolescents actuels qui ne savent pas ce qu'ils veulent et ne ressentent rien du monde ni pour le monde qui les entoure...

En conclusion : je vous conseille ce thriller si vous êtes amateurs de sensations fortes, si vous n'êtes pas effrayés par les perversions de l'homme décrit avec talent dans toute sa monstruosité.

Car comme le dit la couverture "toute entrée est définitive" alors ressortirez-vous de Hell.com sans séquelle ? Et d'ailleurs, à la dernière page, douterez-vous ? êtes-vous sûrs qu'un tel site n'existe pas réellement, et que cela n'était pas seulement un roman ? Qui vous dit que ce n'est pas vrai ? Le Dark Web, tous ces sites occultes, ces internautes en quête de voyeurisme, ces chevaliers anonymes du XXIème siècle, ces transactions financières invisibles, ces hackers cachés, ces réseaux illicites démantelés par la cyber-police,... alors... ?



***
Citation :

"Le diable, au fond, ce n'est que ça : quelqu'un qui n'impose aucune limite à ses délices. "

A noter j'ai bien aimé la petite allusion à son précédent livre "le vide" ;-) et j'ai bien aimé les expressions et le vocabulaire québécois (je ne savais pas ce que sont des condos ou le cégep).

 ***

Présentation de l'éditeur

" Monsieur Saul, nous vous souhaitons la bienvenue parmi notre groupe sélect. Sachez que l'enfer est partout et qu'il accueille deux catégories de résidents : les démons et les damnés. La grande majorité des humains font partie du second groupe ; seuls les privilégiés comme vous appartiennent au premier. Et en enfer, les démons ont tous les droits. "
Depuis qu'il a pris la tête de la société immobilière de son père, Daniel Saul est devenu l'un des hommes d'affaires les plus riches du Québec. La jeune quarantaine, beau, fonceur, intelligent et sans pitié pour la concurrence et les perdants, Daniel a tout pour lui et ne se gêne pas pour prendre le reste.Quand Martin Charron, un financier et ancien confrère de collège, lui propose de devenir membre de Hell.com, un site Internet secret où tout – vraiment tout – est possible pour ceux qui le fréquentent, Daniel sait qu'il ne pourra refuser de s'inscrire.Or, ce que Daniel Saul a oublié, c'est qu'on ne monte jamais aux enfers, on y descend ! Et leur profondeur, qui est abyssale, n'aura bientôt d'égale que celle de son désespoir !

Biographie de l'auteur

Passionné par toutes les formes artistiques mettant en œuvre le suspense, le fantastique et la terreur, Patrick Senécal publie en 1994 un premier roman d'horreur, 5150, rue des Ormes, où tension et émotions fortes sont à l'honneur. Phénomène de l'édition, écrivain culte, tous les romans de Senécal créent l'événement et sont actuellement en cours d'adaptation cinématographique.

Interview - Rencontre avec Patrick Senécal - Hell.com chez Babelio






mardi 17 mai 2016

Lu et approuvé : Le Fil Rouge de Paola Barbato (Denoël)

LE FIL ROUGE
Titre original : Il filo rosso
De Paola Barbato 
Octobre 2015 - 356 pages
(Éditions Denoël -
Collection Sueurs Froides)

Mon avis : un thriller angoissant ! 
⭐⭐⭐⭐

J'ai vraiment beaucoup beaucoup aimé ce roman (d'où ma note rare de 5*), très bien mené par l'auteure qui a une très bonne écriture tonique, et un style direct et percutant. (J'ai même bien fait de ne pas suivre un avis négatif qui était peu argumenté et de juger moi - même). Je l'ai lu très rapidement sans pouvoir le lâcher. Donc passionnant.

Dès le début on est dans le bain et la trame est très bien construite, sans doute parce que Paola Barbato est aussi scénariste elle sait très bien décrire et articuler les chapitres avec des scènes crédibles et réalistes.

J'aime bien le cinéma et les auteurs italiens. Ils ont un sens aigu du spectaculaire, de la passion (au sens étymologique "souffrir"), du drame, les personnages sont toujours remarquables, et dans leurs histoires la tiédeur n'y a pas sa place, mais le sens de l'honneur et la vengeance oui.  

Et ça fonctionne sur le lecteur happé par cette histoire. Les dialogues sont aussi réalistes et subtiles, la pression monte sur le personnage principal et aussi sur le lecteur.
L'angoisse est palpable.

J'ai vraiment bien aimé le personnage principal Antonio Lavezzi sombre et taciturne qui n'a plus goût à la vie et végète depuis que sa fille a été assassinée et que sa femme l'a quitté. L'auteure a réussi à le faire évoluer et on suit son réveil ou retour à la vie, sa quête de vengeance, son rapport à la douleur... jusqu'au chapitre final (totalement bouleversant... mais chut.... et quant à l'épilogue, l'épilogue ... !). J'ai bien aimé le ressenti des personnages qui se précise avec des apartés dans le récit.

A un moment elle vous propose un chapitre qui s'appelle "intermède" et ne croyez pas à une pause dans le récit, une petite distraction qui vient couper le déroulé tendu pour vous détendre. Non non vous plongerez encore plus dans l'enfer et l'histoire alors terrifiante.
Oui on est bien dans la collection sueurs froides (pour les amateurs de sensations fortes) ! 

Un petit conseil, ne faites pas comme moi : lire les 70 dernières pages tard le soir car après vous ne pourrez plus fermer l'oeil !

Lu et approuvé ! 


Quatrième de couverture

Que fait un homme quand il se retrouve face à l’assassin de son enfant ? Antonio Lavezzi mène une existence solitaire et monotone depuis le jour où Michela, sa fille de treize ans, a été sauvagement assassinée. Sa femme l’a quitté, et le meurtrier n’a jamais été arrêté. Antonio travaille dans le bâtiment avec un ami d’enfance. Ce dernier lui présente inlassablement de petites amies potentielles qui ne l’intéressent pas. Lorsqu’un corps est découvert sur le chantier dont il est responsable, des éléments troublants amènent Antonio à penser que cette affaire et son histoire personnelle sont liées. Contacté par un homme mystérieux, baptisé l’Assassin, qui lui ordonne d'exécuter des criminels ayant échappé à la justice, Antonio décide d’obéir et va s’extraire peu à peu de sa torpeur et de son silence. L'Assassin semble savoir qui a tué Michela, et Antonio, pris dans une spirale meurtrière, est plus que déterminé à venger sa fille. Paola Barbato impose une fois de plus sa vision et son style uniques : le schéma de vengeance privée à l’œuvre est savamment imaginé et décrit. Le Fil rouge, c’est à la fois un Crime de l’Orient-Express moderne et un Dexter à l’italienne.

Biographie de l'auteur

Né à Milan en 1971, Paola Barbato est scénariste pour la télévision et auteur de bandes dessinées. Le Fil rouge est son deuxième roman publié en France, après A mains nues (Denoël, 2014). Elle vit près de Vérone avec ses 3 filles.